Décor Berbère pour intérieur Chic et Bohème
Mais qu'ont-ils tous, ces occidentaux non Musulmans, à d'un coup vouloir meubler leurs intérieurs de tapis Berbères ? Pourquoi tous ces bancs en bois brut de citronnier ou ces corbeilles en osier d'Afrique du nord ? Pourquoi le style Berbère est devenu un incontournable de la décoration d'intérieur. Comment le style "Chic et Bohème" est-il devenu indissociable de l'artisanat des montagnes des hauts et moyen Atlas ?
Instagram et les années 2010 invitent le voyage dans nos intérieurs
L'explosion des réseaux sociaux, et du roi d'entre eux, sa majesté Instagram, a incontestablement bouleversé notre façon de penser la décoration d'intérieur. Pour le meilleur ou pour le pire comme disait malicieusement monsieur le maire le jour de mon mariage. C'est un fait que la façon dont nous voyons la décoration (@bohemianchicinterior) a changé et que ce que nous trouvons créatif et inspirant aujourd'hui ne nous traversait même pas l'esprit il y a dix ans. Nous passons des heures sur Instagram à zieuter de la déco chic et bohème toujours plus belle, des Riads Marocains luxueux de Marrakech et des photos de nuits enchanteresses en plein Sahara. Parfois assise dans la plus petite pièce de notre appartement, nous rêvassons que nous sommes l'amante passagère d'un Lawrence d'Arabie qui nous ouvrirait les pans de sa tente Berbère ainsi que de sa Djellaba. La lune miroiterait sur l'eau calme du oued. Dans notre rêve Lawrence d'Arabie aurait congédié ses autres femmes marocaines ou touareg et renoncé pour une nuit à la polygamie. Nulle femme Kabyle pour perturber ce moment parfait loin, très loin, de Casablanca ou de Rabat.
Toutes ces images, joyeusement mêlées à la vieille nostalgie hippie d'un mai 68 sur des barricades que nous n'avons, pour les plus jeunes d'entre nous, pas connu, encore moins escaladées, nous font aimer la déco chic et bohème pour nos intérieurs Parisiens, notre mas dans le Perche ou la maison du Cap Ferré. Bon, ça c'est pour les plus fortunées d'entre nous.
Suite aussi, peut être, à une overdose d'IKEA nous voulons que notre intérieur ressemble à ces photos de voyage en Kabylie qui nous font rêver. Nous voulons dans nos assiettes de céramique artisanales ce Tajine d'agneau ultra photogénique avec ses citrons confits et les brins de coriandre fraichement coupée. Ce Couscous légumes (car nous réduisons notre consommation de viande) ultra photogénique dans un couscoussier en terre cuite devient l'espace d'un instant notre idéal culinaire. Pour peu on vivrait en Djellaba et on troquerait les Birkenstock pour une paire de babouches à pompon en cuir de chameau ou de dromadaire.
Style Berbère ne veut pas dire salon marocain !
Mais, hors de question de manger tous dans le même plat gras avec les doigts, assis dans un salon marocain sur des gros poufs en cuir qui sentent encore la tannerie. Pas question non plus de se gaver de Loukoum à la rose et des délices turcs tout en regardant les danseuses du ventre se déhancher. Nous sommes bien plus subtils que cela dans notre approche de l'exotisme, nous aimons nous approprier ce que nous trouvons beau sans forcément en comprendre ou en respecter les origines. Nous ne connaissons pas grand chose à la culture Berbère et nos Touaregs sont des hommes bleus de carte postale d'un Maghreb fantasmé. Nous ne soupçonnons pas qu'il n'y a pas une langue berbère mais des dialectes berbères.
C'est cette même nonchalance qui nous pousse aujourd'hui à adopter le style berbère pour nos intérieurs, parfois sans jamais avoir mis le pied dans les montagnes de l'Atlas, ni même dans le souk de la cité impériale de Fès el Assad. Nous nous approprions ce qui nous plaît, ce que nous trouvons beau sans vraiment comprendre d'où cela vient ni comment c'est fabriqué. Pour certains d'entre nous le tapis Berbère n'a rien de musulman, c'est juste un élément de décoration plus beau qu'exotique.
Alors, certains esprits chagrins diront du style "bohème chic" qu'il est un mélange d'orientalisme, de nostalgie hippie et d'esthétique IKEA qui n'a rien à voir avec la décoration traditionnelle des berbères nomades du désert marocain. Ces même rabats joie vous diront que notre Coucous merguez occidental et ses poids chiches en conserve n'ont rien de Marocain ou Algérien. Ils vous diront que si vous n'entrez pas régulièrement dans une mosquée, si vous ne portez pas de babouches et si vous ne comprenez pas le chant du muezzin alors vous ne pouvez prétendre apprécier un décor berbère. Vous faites de l'orientalisme et n'êtes que les affreuses héritières d'un système colonial.
Je pense pour ma part que cela n'est pas si grave. Décorer son chez soi ne doit pas nécessairement s'apparenter à un acte politique Altermondialiste ou à une recherche ethnographique. Se faire plaisir avec un Tapis Azilal pour donner du charme à une chambre d'enfant ne vous oblige pas à faire en parallèle des recherches ethnographiques sur les femmes aux visages tatoués des villages ruraux marocains. Et rien ne vous interdit de poser du mobilier scandinave sur un Boujaad ancien en laine. On se détend, ce n'est QUE de la déco !
Non, je ne mange pas ce plat traditionnel marocain qu'est la tête de mouton bouillie avec ses yeux gélatineux. J'aime manger avec des couverts et je préfère que mes danseuses du ventre soient chez Patrick Sabatier sur le téléviseur de mon beau Père plutôt que dans mon salon. Mais j'adore les couleurs, les formes et les matériaux de la décoration berbère et je n'ai pas peur de les utiliser dans mon intérieur sans avoir l'impression de trahir une sorte d'identité culturelle.
Pourquoi j'aime la déco Bohème Chic et les tapis berbères ?
J'ai passé quarante ans. Papa et Maman prennent de l'âge et celles qui me connaissent savent combien je les aime. Je n'ai pas honte d'être submergée de nostalgie en feuilletant l'album photo de leur jeunesse. Maman et ses pantalons patte d'eph. Papa, sa moustache et sa Vespa. Mes parents, quoiqu'indéniablement bourgeois et adeptes d'une éducation plutôt tradi, ont été jeunes et en phase avec leur génération. Maman était prof mais pas de gauche et surtout Agrégée de Lettres classiques. Papa a du interrompre ses études pour travailler et assurer ce que l'on appelait encore le rôle de Chef de famille. Ils m'emmenaient en voyage au Maroc, à Agadir et dans d'autres pays d'Afrique du nord. Il y eu les capitales d'Europe mais aussi le Maroc qu'ils m'ont fait aimer. Au Maroc, adolescente, j'ai découvert l'artisanat, je suis tombée amoureuse des tapis en laine, de la poterie des carreaux de ciment et de l'architecture des Riads de la médina de Fèz. J'ai aimé courrir pieds nus dans les dunes et me baigner à Essaouira. Les Berbères s'appelaient Amazigh, les "hommes libres" et cela faisait naître en moi des fantasmes coupables. J'aurai peut être du me poser d'autres questions sur le statut de la femme marocaine dans cette société patriarcale. J'aurai du demander s'il y avait un féminin à Amazighs dans les tribus berbères du haut atlas ou les kasbah de Ouarzazate. J'aurai surement du m'intéresser aux questions de liberté d'expression dans ce royaume. D'ailleurs c'est peut être inconsciemment d'avoir deviné tout cela qui m'a conduit plus tard à suivre des études de journalisme. Mais aujourd'hui je dois confesser que ces considérations sont un peu loin de moi. Je suis une commerçante, une marchande de tapis. J'achète et je vend des tapis Berbères. Je le fais avec respect pour celles et ceux qui les produisent bien évidement. Mais sans non plus me poser dix milles questions.
S'il fallait conclure sur le commerce des tapis Berbères
Je pourrai vous dire que je participe à l'économie de ses familles rurales du sud marocain. C'est, d'ailleurs, sans doute vrai. Mais la réalité est aussi plus prosaïque. A force de nous voir nous avons tissé des liens d'amitié. Mais c'est aussi, pour ces familles comme pour moi un business. Cela n'a rien d'un gros mot et je ne vais pas vous vendre des vidéos de belles femmes ridées et souriantes pour vous vendre mes tapis artisanaux. Car je vous respecte aussi et je pense qu'un beau tapis n'a pas besoin d'une vidéo Instagram au ralenti avec musique d'ambiance pour vous plaire. Il suffit qu'il soit bien fait, que ses couleurs soient harmonieuses et qu'il s'adapte non seulement à votre intérieur mais surtout qu'il soit un coup de cœur.
Il ne te reste plus qu'à choisir celui qui vous plaît le plus dans notre collection sans cesse renouvelée de Tapis Berbères !